Recherches universitaires sur les performances aérodynamiques des cyclistes
Photo : Bart Van Overbeke
Le final de Liège-Bastogne-Liège ce 28 avril 2019 fait une incursion sur le campus du Sart Tilman de l’Université de Liège. Le peloton passe ainsi à proximité de la soufflerie aérodynamique où des chercheurs et ingénieurs étudient spécifiquement l’aérodynamisme des positions sur le vélo des cyclistes professionnels afin d’améliorer leurs performances.
C
es recherches sont menées à la fois à la Technical Universiteit Eindhoven aux Pays-Bas et à l’Université de Liège. Elles sont conduites par Bert Blocken, professeur à la Technical Universiteit Eindhoven et à la Katholieke Universiteit Leuven, et par Thomas Andrianne, responsable de la Soufflerie aérodynamique de la Faculté des Sciences appliquées de l’Université de Liège. ANSYS, société américaine spécialisée dans des logiciels de simulation numérique, participe aussi à ces recherches.
La fameuse position adoptée par Christopher Froome dans la descente de Peyresourde lors de la 8e étape du Tour de France 2016 a étonné les commentateurs et le public. Elle a retenu particulièrement l’attention des chercheurs et donné une visibilité médiatique à leurs recherches : cette position atypique offrait-elle un réel gain de vitesse ?
Les cyclistes professionnels testent régulièrement des positions très différentes sur leur vélo pour aller plus vite, être plus aérodynamiques, surtout dans les descentes des cols ou en contre la montre. Pourtant ces positions sont généralement adoptées sans que leur efficacité réelle soit établie scientifiquement. C’est ici que résident l’intérêt et la nouveauté des recherches des équipes scientifiques belgo-néerlandaises.
Grâce aux tests en souffleries et aux simulations numériques, les chercheurs peuvent désormais objectiver les résultats. Dans le cas de Froome, par exemple, ils ont pu déterminer que sa position dans Peyresourde était en réalité loin d’être la plus aérodynamique. En effet, après avoir analysé en soufflerie une quinzaine de positions, ils ont montré que si la position « Froome » permet un gain de 9% par rapport à la position classique sur le vélo, d’autres positions adoptées par des cyclistes professionnels (« Back down », « Pantani » ou « Top tube safe ») s’avèrent de 12 à 17 % plus rapides que la position classique. En outre, ces dernières positions sont plus sûres parce qu'elles assurent une répartition plus égale du poids du corps sur les deux roues. Notons que ces recherches traitent uniquement l'aspect aérodynamique et non le potentiel de développement de puissance du coureur dans une position donnée.
Aujourd’hui, ces recherches se poursuivent sur d'autres questions intéressantes relatives au cyclisme : l’analyse de la performance aérodynamique au sein du peloton, en fonction du positionnement du coureur dans celui-ci. Récemment, l'équipe de recherche belgo-néerlandaise s'est également intéressée à l'amélioration de l'aérodynamique des para-cyclistes : des disciplines telles que le vélo en tandem ou celui à l'horizontale avec une propulsion par les bras au lieu des jambes représentent un important potentiel de nouvelles analyses et conclusions scientifiques pour faire avancer ces sports dédiés aux athlètes présentant un handicap. Finalement, des travaux sont envisagés avec des médecins du sport et kinésithérapeutes pour intégrer dans cette analyse l'aspect développement de puissance et récupération musculaire du coureur en fonction de la position adoptée.
Contact
Thomas ANDRIANE
Wind Tunnel Laboratory I Unité de recherche Aérospatiale & Mécanique I Faculté des Sciences appliquées
Recherches universitaires sur les performances aérodynamiques des cyclistes
Des recherches menées par le Pr Bert Blocken à la Technical Universiteit Eindhoven et à la Katholieke Universiteit Leuven, et par Thomas Andrianne, responsable de la Soufflerie aérodynamique de la Faculté des Sciences appliquées de l’Université de Liège.
Voir la galerie complète
